Connaître les pièges et tomber dedans quand même

N’y a-t-il pas quelque chose de plus frustrant ? Voir le trou arriver, mettre soi-même les panneaux de warning pour indiquer qu’il ne faut pas tomber dans ce trou, … puis finalement s’y enliser sans même le remarquer.
Frustrant hein ?
Le pire c’est que ça peut vraiment survenir très sournoisement grâce à un mélange de déni et d’inattention.

(c’est pas moi qui le dit, c’est Bradley Cooper)

Le monde des 1% qui réussissent

S’il y a un concept auquel on se familiarise assez vite quand on met les pieds dans l’indépendance, c’est le fait qu’il y a d’un côté la majorité remplie par les freelances qui font tous la même chose, les mêmes erreurs, et de l’autre le petit peloton de tête qui réussit.

Il y a une raison simple à cela. C’est que l’on n’a jamais été entraînés à entreprendre.

On est tous passé par le même moule.
Ce moule nous a forgé des réflexes.
Et ces réflexes ne s’appliquent pas DU TOUT bien au monde de l’entrepreneuriat.

En gros, c’est un peu comme si toute ta vie on t’avait donné les outils pour façonner une chaise. La plus belle et parfaite qui soit. Et qu’au final tu te retrouvais à devoir fabriquer une baignoire.
C’est sûr que ça marche moins bien d’un coup.

Je parle souvent ici qu’une grosse partie du boulot quand on débute dans cette branche, c’est de déconstruire, constamment, ce que l’on sait.

Parce que, non.
Tu ne vas pas chercher un prospect avec le genre de lettre de motivation creuse que tu envoyais quand tu cherchais un stage en école.
Tu ne vas pas définir ton offre comme tu cherchais un intitulé pour mettre en haut de ton CV.
Tu ne vas pas voir ton activité quotidienne comme tu voyais ton CDI ou ton CDD avant.

C’est constamment casser des idées préconçues qui alimentaient ta réalité pour réapprendre presque tout de zéro.

C’est aussi au final se servir de cette pensée collective de la majorité pour s’en écarter un maximum et faire différemment des autres.

C’est avoir conscience que, ce qu’il faut viser, c’est ces 1 % ! C’est cette minorité qui aborde les choses différemment pour s’en sortir sans forcément avoir 30 ans d’expérience, une longue vie professionnelle de salarié derrière ou alors être riche héritier.

Lire aussi : « 5 habitudes pour éviter les erreurs de 99 % des entrepreneurs »

C’est comprendre que ces 1 % sont largement accessibles dès lors que tu t’en donnes les moyens. Que tu te forces à ne pas faire comme la majorité.

Se former pour apprendre des erreurs des autres

Une fois que tu as réalisé que tout ça était possible et que ça n’arrivait pas qu’aux autres, tu as sûrement pris conscience que se former était la base de la base.

Ces nouvelles notions, concepts, réflexes, … ne vont pas te tomber dessus pendant une nuit d’insomnie. Il va falloir apprendre de nouvelles choses grâce à ceux qui sont passés par là avant toi. Parce que la liberté d’un indépendant ne rime avec la liberté de faire n’importe quoi n’importe comment (c’est comme ça que tu finis comme les 99 %).

Chance de ces dernières années, ce n’est pas l’information qui manque sur la toile. Loin de là. Mais bon, tu sais déjà sûrement tout ça (y compris le fait qu’il ne faut pas hésiter à investir dans sa formation et à ne surtout pas laisser de côté le travail sur son état d’esprit !).

Et parmi ton auto-formation en continu, tu as sans doute dû voir passer ces fameux contenus « les erreurs à ne pas faire« . Le freelance qui te parle alors te dit qu’il veut t’épargner des erreurs inutiles qu’il a faites par le passé.

Sur le principe c’est bien. C’est même très bien !
Je trouve personnellement que mettre en valeur les choses qui n’ont pas fonctionné aide toujours à avancer plus vite dans une meilleure direction.

Avoir un panel d’erreurs à ne pas faire te permet de ne pas naviguer à l’aveugle et d’agir directement si jamais tu te reconnais dans un comportement pointé du doigt.

C’est aussi toujours positif de savoir ce qui ne marche pas sans avoir à le tester soi-même à l’avance, un gain de temps en somme !

Et pourtant…

Se planter en connaissance de cause

C’est là que la dure vérité te rattrape :

Ce n’est pas connaître les erreurs qui te fera les éviter !

Et j’ai personnellement le recul maintenant pour me dire que je suis en plein dedans. Et il n’y a rien de plus frustrant que de se dire qu’on sait tout ce qu’il ne faut pas faire pour éviter au maximum de faire partie des 99 % … pour se rendre compte après coup qu’on fait bien comme la majorité finalement.

Au final, tu restes toi

Mon gros problème à moi ? C’est l’overthinking (je préfère garder le mot anglais qui je trouve est bien plus parlant).

Je réfléchis trop.
Je déteste faire des choix.
J’ai peur de prendre des risques.
J’ai peur de me planter et de faire des erreurs.
Je préfère reculer 1 km pour faire un saut d’1 m.

Je suis une prudente invétérée et c’est LE profil par excellence que l’on dessine comme étant celui qui rate et qui finit par abandonner. Et constater ça après coup est un sentiment particulièrement désagréable.

Alors qu’est-ce que je fais ? J’abandonne ? Visiblement je n’ai pas le profil de ceux qui réussissent…

Mais tu n’es pas figé

La vingtaine est un peu terrible dans mon cas puisque j’ai fait coïncider questionnements professionnels et questionnements existentiels. Ces moments de ta vie où tu réfléchis à ta place dans ce monde et à mieux comprendre qui tu es.

En quête de définition, je m’étais un peu embourbée dans le « je suis comme ça, il faut que je m’accepte telle que je suis ». Quelqu’un de timide, qui a du mal à parler devant une audience, très introvertie, suiveuse, sans ambition …

Mais !
Ce sont des comportements et des traits de caractères qui peuvent réellement changer. Vraiment. Il y a 5 ans, pas une seconde je ne me serai vue envisager devenir indépendante avant l’ambition de réellement y arriver.
Pas pour lutter corps et âme pour avoir un SMIC mais bien pour dépasser ce que je pouvais demander avec mon salaire d’ingénieur en faisant un truc qui m’animait vraiment.

Et c’est pour ça que remplir son quotidien de formation sur l’état d’esprit m’a fait un bien fou. En faisant ça, on peut réellement travailler sa vision de soi au corps pour en implémenter une nouvelle et qui nous convient.

Lire aussi : « Le grand oublié de l’auto-formation : l’état d’esprit »

Alors oui, c’est inévitable.
Il y a des pièges que tu as bien vus venir mais dans lesquels tu vas tomber quand même. Parce que tu restes toi et que ce sont souvent des pièges très en lien avec des agissements profonds. Des réflexes durs à éradiquer et qui ne partent pas en un claquement de doigts.

Autorise-toi à te planter même si tu savais que sur ce point-là tu n’aurais pas du. Tu as beau savoir que le feu ça brûle, ce n’est qu’une vraie brûlure qui t’encrera le fait que le feu ça brûle vraiment.

Et on en revient à cette même conclusion qu’il faudrait placarder sur tous les murs : ose. Teste. Lance-toi. Fais des trucs. C’est toujours mieux que de s’imaginer en action.

Mais n’oublie pas de distinguer clairement ces points de vigilance et de faire un bilan sur toi et ton activité. Si tu continues la tête dans le guidon, difficile de mettre en lumière que tu en train de faire une erreur !

Un jour je serai en pur lâcher prise.